Charles Louis Gratia
Nature morte à la mandoline, daté 1852
Pastel sur toile
Signé et daté en haut à droite
Dimensions : 61 x 70 cm
Avec cadre 87 x 95 cm
Prix : 7000 €
« Un très vaillant artiste, Charles-Louis Gratia, de l’Ecole de Nancy, avait en son mâle talent conservé intacte la tradition des Peronneau et des Latour en des œuvres parmi lesquelles un grand nombre de portraits d’artistes dramatiques parurent aux Salons de 1837 à 1870 et dont les critiques d’art les plus autorisés de ce temps, nous ont laissé le plus grand éloge. », Jany-Robert, « Le Pastel », 1908.
Peintre et pastelliste français de l’école française, Charles Louis Gratia est auteur d’une traité sur le pastel. Il décrit la façon dont il fabrique ses pastels, et insiste sur la nécessité pour chaque artiste de les réaliser soi-même afin d’obtenir des teintes délicates et une texture durable. Il renseigne le processus de fabrication ; certaines poudres et pigments, très rares et couteux, proviennent des étamines des fleurs ou d’ailes de papillon des tropiques. Son soucis de la fabrication fait toute la différence : un siècle après, ses tableaux témoignent toujours de la même fraîcheur.
Charles-Louis Gratia nous livre une nature complexe et précise. Il travaille sa composition et organise les objets avec habilité pour le plaisir du spectateur. Ici, la nature morte est autant luxueuse qu’elle est modeste. Elle abonde de raisins frais, dont les grains gorgés de sucres ont la peau tendue jusqu’à saisir une pointe de lumière.
Ils encadrent élégamment la mandoline, dont la présence donne un élan conceptuel à la composition. L’instrument de musique se reflète dans la coupe, dont le pied fin soutient une grappe de raisins. L’image est déformé par l’incurvation de la coupe. Le pichet rustique contraste avec l’élégante mandoline. La nappe, brodée de fils dorés, donne de la lumière et assied la composition avec raffinement dans la partie inférieure du tableau.
Le peintre est formé auprès de Henri Decaisne. Fin pastelliste, il expose au Salon de Paris de 1837 à 1882. Il représente principalement le beau monde de Paris, de Frédéric Chopin à George Sand (1866), quelques études d’anatomie et d’élégantes natures mortes. Le long de sa carrière, le peintre n’a pas de rival ; il excelle seul au sommet de son art.
Membre de la Société des artistes français, il fréquente les poètes Victor Hugo et Alphonse de Lamartine, le peintre Ernest Meissonnier et le comédien Frédérick Lemaître. Suite aux bouleversements politiques de la Monarchie de Juillet, le peintre part pour Londres en 1850 avec son épouse et ses deux filles. Ses fils, l’un brillant compositeur et l’autre comédien, demeurent à Paris.
À Londres, ses débuts sont difficiles, bien qu’il s’impose par l’art du pastel. Les anglais consacrent son art lorsqu’il réalise le portrait du premier Chambellan de la reine, Lord Willoughby et, plus tard celui de la Reine Victoria elle-même. Pour ne pas exciter la jalousie du peintre officiel de la cour, Franz Xaver Winterhalter, le portrait n’est pas exposé et le titre l’illustre modèle, pas dévoilé. De retour à Paris, « La liseuse », portrait de sa défunte fille, est acheté par l’Etat et sera exposé aux galeries des Champs Elysées à Paris. Peu après, le musée des Beaux-Arts de Nancy acquiert l’un des portraits de son épouse.
Musées :
• Nancy, Nottingham.
Bibliographie :
• Charles-Louis Gratia, « Traité de la peinture au Pastel », Nancy, Failly : Association des artistes lorrains (fondé par Charles-Louis Gratia en 1892), première édition 1891, réédition 2014. À lire sur : http://www.pastel-noun.com/pages/traite-de-pastel-charles-louis-gratia.html
• Louis Dussieux, « Les artistes français à l’étranger, troisième édition », Paris, Librairie Jacques Lecoffrre et Cie, p. 297
• Jany-Robert, « Le Pastel », Paris, Imprimerie des Beaux-Arts, 1908, p. 11-12 et p. 24