Pierre Ysern y Alié
Le « peintre des danseuses »
Le ballet- circa 1910
Huile sur toile
Signée en bas à droite
Dimensions : 60,5 x 73 cm, avec cadre: 79 x 91 cm
Prix: 15 000 euros
« Ysern n’a d’yeux que pour elles… Déjà les girls tourbillonnent. On dirait des fleurs vivantes qui tracent rapidement des figurent inconnues dans l’espace… Les projecteurs les noient de clarté roses, puis vertes, jaunes… […] Ysern tout d’un coup s’est mis à peindre. Je l’observe. Son regard embrasse la scène d’un coup d’œil rapide et les couleurs voltigent sur la scène. » André Payer, Revue littéraire, 1924.
Ce tableau est à l’image de l’affection du peintre pour les danseuses qu’il peint : éclatante, mouvementée et réciproque. Au centre, il saisit une danseuse qui, pareil à une fleur blanche, s’apprête à faire virevolter les pétales de son jupon. Derrière elle, le peintre plante le décor : il suggère deux danseuses, le rideau et les coulisses d’un geste spontané. Au premier plan, Ysern y Alié signifie brièvement quelques instruments de musique : le haut d’une harpe, d’un violoncelle… Ce faisant, il donne au spectateur l’impression de regarder les danseuses depuis l’orchestre. La palette, vive, détoure les sujets en de larges masses colorées. Sa maîtrise picturale en fait un tenant de la couleur plutôt que du dessin.
À Paris, le peintre avait pris l’habitude de se rendre dans des dancing qui, avec la complicité d’une ouvreuse, lui ouvraient une loge. À l’intérieur, il tirait sa petite boîte de matériels de peinture et tout de suite, il était à l’ouvrage, tandis qu’un éblouissant feu d’artifice d’un ballet de girls fulgure sur la scène. « Comme Toulouse-Lautrec, il aime étudier les saisissants effets de contraste, les rapports imprévus, les étonnants éclairages que répandent, brusquement braqué sur un visage, une paire de jambe en mouvement, les clartés crues et blafardes d’un projecteur. », témoigne André Payer.
Est-ce qu’Ysern Y Alié a cherché continuer la tradition de Degas ? Georges Turpin, un ami et critique, y répond négativement. En Catalogne, Alié se définit comme un impressionniste qui s’ignore. À Paris, il prend conscience de l’affinité qu’il a avec un Renoir, un Pissaro ou un Manet. Par la suite, il se range dans la catégorie des tachistes.
Bibliographie:
- Rafael Manzano, Pere Ysern i Alié 1875-1946, Diccionari Ràfols/edicions catalanes, Biblioteca Monografica de Arte Hispanica, Barcelona, 1990
- En 1924, Georges Turpin lui consacre une brève biographie : « Pere Ysern i Alié peintre de danseuses », article de la Revue littéraire et artistique, Paris Georges Turpin, Pierre Ysern y Alié peintre de danseuses, Paris, 1924.
- Rafael Manzano, Pere Ysern, Edicions Catalanes, Barcelona, 1990.
- Froukje Hoekdtra, Toulouse-Lautrec, PML Editions pour l’édition française, Paris 1993.
- Jacques Lassaigne, L’Impressionisme, sources et dépassement, 1859-1900, Skira, Genève, 1974.
- Patrick Weber, Histoire de l’art et des styles, Librio, 2005.
Expositions et évènements importants
• 1888 : Exposition Universelle de Barcelone
- 1919 : Exposition Nationale des Beaux-Arts de Barcelone (Œuvres principales : Pedralles et Alentours de Barcelone)
- 1925 : Exposition à la Galerie Daulmau à Barcelone
- 1927 : Exposition à La Pinacoteca